Le Canal, la Voie Bleue de L’Ardoise

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Un lieu, une histoire. L’ouverture du canal de Nantes à Brest a permis le transport des ardoises jusqu’en 1914. Durant moins d’un siècle, l’industrie ardoisière a prospéré malgré des crises graves et la concurrence de l’Anjou.

Avant l’ouverture du canal de Nantes à Brest, des carrières étaient déjà exploitées, à côté de Châteaulin ou dans les monts d’Arrée. Les ardoises de Saint-Goazec et de Laz ont couvert la cathédrale de Quimper, au XVIe siècle. À la même époque, l’ardoise de Châteaulin recouvre le toit de l’église Saint-Maclou de Rouen.

Mais, l’ouverture du canal en 1842 va entraîner un développement important de l’industrie ardoisière, surtout en Finistère, avant 1860. Des carrières ouvrent à Pont-Coblant, Saint-Goazec, Spézet, Châteauneuf-du-Faou (1). On en trouve aussi à Caurel ou Gouarec, en Côtes-d’Armor. Une grande partie de la production finistérienne est acheminée vers Port-Launay, d’où elle remonte vers Brest et les ports de la Manche. En 1840, 6 000 tonnes d’ardoise partent de Port-Launay. Ces ardoisières embauchent. On navigue entre petites exploitations artisanales et vraies carrières, tenues par des familles de professionnels qui ont des moyens financiers et maîtrisent les techniques d’exploitation. En 1866, à Saint-Goazec, l’exploitation de la carrière du Rick emploie deux cents personnes dont cent fendeurs.

L’arrivée de femmes

Vers 1880, l’industrie ardoisière connaît une crise : les prix chutent comme pour beaucoup de matériaux (fer, plomb argentifère). La production est divisée par deux. Les carrières ferment. La reprise intervient une dizaine d’années plus tard, vers 1890, mais les petites carrières ont disparu. Au début du XXe, la concurrence des ardoisières d’Angers ou de Maël-Carhaix, de meilleure qualité, joue à plein. Les carrières de Caurel et Mûr-de-Bretagne ferment. La guerre 1914-1918 apportera son lot de changements, dont l’arrivée de femmes comme fendeuses. Elles seront aussi les premières licenciées vers 1930.

De 1921 à 1935, la Bretagne produit 220 000 tonnes d’ardoises, 15 000 tonnes par an. Le département des Côtes-d’Armor concentre plus de la moitié de la production. Avant une nouvelle crise en 1930, les carrières comptent, en 1927, 360 ouvriers en Côtes-d’Armor, 230 en Morbihan. En Finistère, le déclin est important : le nombre de carriers passe de 550 en 1923 à un peu plus de 80 en 1935. La coupure du canal, créée par le lac de Guerlédan, amène le transport de l’ardoise par camion après 1924. Dans le même temps, l’ardoise d’Angers s’impose sur le marché.

Le bagad Men Glaz 

Ces crises ardoisières successives ont provoqué une migration des carriers, des environs de Pleyben jusqu’à ceux de Caurel, déjà avant 1900. Ils se dirigent vers Angers où ils travailleront dans les mines d’ardoises de Trélazé. En 1920, sur les 6 000 habitants de Trélazé, 2 000 sont Bretons, et parlent le breton. Ils créeront même au début des années 1960 un bagad qui se nomme le bagad Men Glaz. En breton, ar maen glaz (la pierre bleue) veut dire l’ardoise.

(1) Ardoise en Bretagne, Lena Gourmelen, Coop Breizh, 11 €. 

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Source: Ouest-France

Autor: Christian Gouerou

Photography: Archives Ouest-France (La carrière du Rick à Saint-Goazec. Exploitée dès 1486 à ciel ouvert par les seigneurs de Laz, l’ardoisière du Rick a été la plus importante des quatorze carrières de Saint-Goazec. Le canal est juste derrière l’immense talus…)

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