Typique des régions de montagne, la lauze s’est adaptée à la construction contemporaine en Savoie, grâce au renouvellement complet du savoir-faire des charpentiers couvreurs.
Les lauzes ont beau être un matériau traditionnel de couverture en Savoie, l’utilisation qu’on en fait aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celle de jadis. Autrefois, on extrayait ces lourdes pierres plates de carrières locales pour en couvrir les maisons et les granges dont les greniers servaient de fenil. Posées sur un platelage reposant directement sur les chevrons, elles n’offraient pas toujours une étanchéité parfaite mais n’avaient pas leurs pareilles pour résister au vent, à l’action répétée du gel et du dégel, et supporter un épais manteau de neige.
À l’heure de la toiture chaude
« Aujourd’hui, les combles sont aménagés en logements qu’il faut chauffer en hiver. Cette évolution a tout changé, parce que les couvertures doivent être absolument étanches (à la neige poudreuse, à la pluie, à l’eau de fonte de la neige) et parce que l’on est passé de la toiture " froide " à la toiture " chaude ", où les phénomènes de condensation doivent être maîtrisés », explique Jean-Louis Bazin, responsable de la Secaf, entreprise de charpente, couverture et zinguerie établie à Aigueblanche (Savoie). Depuis que la montagne s’est convertie au tourisme, les lignes simples et rustiques des maisons de pays ont fait place à l’architecture plus dessinée des maisons contemporaines et, dans les stations, des résidences collectives et des hôtels de standing. Les toitures aujourd’hui réalisées en lauze venue d’Italie ou en ardoises épaisses d’Espagne sont devenues plus complexes : les pans multiples contraignent à réaliser des noues, les souches de cheminées s’y sont multipliées, on y trouve des fenêtres de toit, parfois des lucarnes…
« Ces contraintes nouvelles ont conduit les entreprises à renouveler entièrement leur savoir-faire, poursuit Jean-Louis Bazin, non sans difficultés ou tâtonnements au départ, car notre matériau n’avait pas la souplesse et la légèreté (100 kg/m²) requises par certaines applications, et nous disposions de techniques d’étanchéité qui n’étaient pas les mieux adaptées à l’épreuve des hivers de montagne. » Facteur positif, les entreprises peuvent compter en revanche sur une polyvalence qu’on ne retrouve pas en plaine (la Secaf propose ainsi une offre complète, depuis le calcul de dimensionnement des charpentes jusqu’à l’exécution).
À la fin des années 80, l’expérience et les solutions développées par les professionnels sont mises en commun à leur initiative et réunies dans un Guide des couvertures en climat de montagne qui énonce, entre autres, les principes d’une toiture conjuguant une étanchéité performante à la fonction porte-neige. « Ce mouvement ne s’est pas arrêté au lendemain de cette publication, poursuit Jean-Louis Bazin, car il a fallu répondre à la demande des architectes qui souhaitaient laisser les charpentes apparentes dans les appartements. Puis sont arrivés de nouveaux procédés d’étanchéité à base d’élastomères. » Restant force de proposition, la profession a édité en 2005 un nouveau guide intégrant ces nouvelles évolutions et l’expérience des autres partenaires de la construction. Elle continue aujourd’hui à se retrouver à intervalles réguliers. Ses dernières réunions se sont centrées sur un nouveau sujet auquel les maîtres d’ouvrage se montrent sensibles : l’entretien, qui entraîne « beaucoup de travail et attire dans la région des entreprises de Haute-Savoie et d’Isère ». Les montagnards de la Secaf ne sont pas près de descendre dans la plaine…
Pour en savoir plus
Destiné aux entreprises, aux économistes, aux bureaux de contrôle et aux architectes, le Guide pratique pour la conception et la réalisation des toitures en climat de montagne comportant des éléments de couverture porte-neige en lauzes est disponible, sur demande, à la fédération BTP de Savoie (tél. : 04 79 33 31 18)Source : Fédération Française du Bâtiment