Découverte dans une propriété du Maine-et-Loire, une peinture inédite sur ardoise représentant Judith avec la tête d’Holopherne et signée Jacques Stella s’est envolée à 375 000 euros sous le marteau de Maîtres Xavier de la Perraudière et Florian d’Oysonville mercredi 5 décembre 2018 à Angers, enregistrant un record mondial pour l’artiste. Acquise par un collectionneur étranger, elle serait l’un des tous premiers tableaux du peintre français, connu pour sa production sur pierre.
Le seul tableau connu de Jacques Stella signé en incision directe
Sollicité dans le cadre d’un partage familial, Maître Xavier de la Perraudière a découvert dans une propriété près d’Angers une peinture sur ardoise exceptionnelle signée Jacques Stella (1596-1657). «Le tableau appartenait à la famille depuis des générations, mais celle-ci ignorait tout de son auteur », explique maître Florian d’Oysonville de la maison de ventes Ivoire Angers. « C’est en le décadrant et en retirant la vitre que nous avons reconnu la signature. » Au dos, une incision directe dans l’ardoise dévoile alors l’illustre nom de Jacques Stella. « C’est le seul tableau connu actuellement qui soit signé directement du maître dans la pierre. La graphie de la signature est conforme à celle que l’on retrouve sur ses gravures ou certains de ses dessins»
Une peinture sur ardoise représentant Judith et Holopherne
Absent des catalogues, le tableau est caractéristique de la production sur pierre de Jacques Stella. «Il était reconnu comme un peintre virtuose de petits formats sur supports précieux tels que l’ardoise, le lapis-lazuli, ou encore le marbre », détaille un collaborateur du cabinet Turquin. Héritier des maîtres du clair-obscur, Jacques Stella découvre dans l’utilisation des matériaux sombres le moyen idéal pour faire ressortir la lumière. « Il connaît avec cette spécialité un grand succès et reçoit de nombreuses commandes, peignant des Vierges à l’enfant ou d’autres sujets populaires au XVIIe siècle tels que le thème de Judith et Holopherne, ici à l’honneur.»
L’une des premières peintures de Jacques Stella
Fils d’un maître lyonnais d’origine flamande, Jacques Stella quitte sa ville natale à l’âge de vingt ans pour rejoindre l’Italie et parfaire sa formation artistique. De 1617 à 1621, il travaille à Florence pour Côme de Médicis. « Nous ne connaissons aucune peinture de cette époque. Il nous reste uniquement des gravures et des dessins au style maniériste, dans la lignée de Giorgio Vasari. » Entre 1622 et 1634, il séjourne à Rome et travaille pour la famille Barberini et le pape Urbain VIII. Là, il noue de profondes amitiés avec Simon Vouet et Nicolas Poussin qu’il fréquente à l’académie de Saint-Luc. «En 1634, il quitte finalement l’Italie pour Paris, où il connaît un succès éclatant. Il cumule de prestigieuses commandes privées et devient, par l’entremise du Cardinal de Richelieu ‘peintre ordinaire du Roi’. » Le tableau vendu le 5 décembre à Angers serait l’une des premières œuvres de Jacques Stella. « Il est caractéristique de la production de la première de sa carrière, entre son séjour romain et le début de l’étape parisienne. Deux inventaires de l’époque citent le sujet de Judith et sa servante peint par Stella : un achat par le cardinal Scipione Borghese en juillet 1631 et un inventaire effectué chez le maréchal de Crequy en 1634.»
Un record mondial pour Jacques Stella
Sous le marteau de Maître Xavier de la Perraudière le 5 décembre à Angers, le tableau s’est envolé à plus de dix fois son estimation, fixée entre 20 000 et 30 000 euros. Pas moins de dix enchérisseurs se sont livrés une bataille acharnée. Mais c’est finalement un collectionneur étranger qui a eu le dernier mot, poussant les enchères jusqu’à 375 000 euros (frais compris), un record mondial pour l’artiste. Le précédent record était détenu par une huile sur cuivre représentant La Sainte Famille et qui avait été adjugée 177 045 euros en 2007 en Suède.
Source: Le magazine des interenchères
Autor: Diane Zorzi
Photography: Unknow