Maine-et-Loire : A 126 m sous terre, on s’est plongé dans l’incroyable univers des mineurs d’ardoise

|

Site unique en Europe, la Mine bleue propose une visite guidée d’une authentique ancienne ardoisière. « 20 Minutes » s’est rendu dans le Maine-et-Loire pour la découvrir

  • Au début du XXe siècle, l’ardoisière de la Gatelière fonctionnait à plein régime.
  • Cette mine, dont l’exploitation s’est arrêtée depuis bien longtemps, reçoit le grand public et propose une visite guidée aussi documentée qu’immersive.

Notre descente, en ascenseur, n’a duré qu’une minute à peine. Mais il faut imaginer que ceux qui ont travaillé là pendant vingt ans, au début du XXe siècle, s’enfonçaient pendant plus d’une demi-heure pour arriver au bout des 813 marches irrégulières et glissantes. C’est là, à 126 mètres sous terre et par 13 degrés été comme hiver que la centaine de « gars d’â bas », comme ils s’appelaient, s’affairaient six jours sur sept, à la lueur de leurs lampes à pétrole. Bienvenue à l’ardoisière de la Gâtelière, appelée la Mine bleue depuis qu’elle est devenue un site touristique dans les années 1990. Située à Noyant-la-Gravoyère (Maine- et-Loire), elle a été fréquentée par 35.000 visiteurs de tous âges en 2019.

Dans ce lieu unique en Europe, mine en exploitation de 1916 à 1936 avant que la banque qui la détenait ne fasse faillite, l’immersion est totale et immédiate. Equipés d’un casque (et d’une veste en polaire), on retrouve d’abord l’atmosphère humide d’une grotte avant d’être plongé dans l’univers si spécial de l’ardoise, qui a fait la renommée et l’identité de l’Anjou bleu. Entassés dans un authentique train de la mine (ça secoue, mais pas comme à Disney), on parcourt ensuite quelques centaines des 4.000 mètres de galeries, qui menaient aux 26 chambres d’extraction de cette fameuse roche bleue à l’aspect feuilletée. L’engin ralentit et deux coups de klaxon résonnent : tout le monde descend.

Le rude quotidien des mineurs

Si quelques aménagements (l’éclairage et l’ajout de quelques mannequins notamment) ont été réalisés depuis la fermeture, la force de la visite est que « l’essentiel de ce que vous voyez là a été laissé par nos mineurs tel quel », explique Rose, notre guide. Et on ne peut pas dire qu’ils chômaient. Sur les parois de plusieurs dizaines de mètres de haut, il faut bien lever la tête pour distinguer des trous, faits à la « chignole à main », qu’un collègue remplissait ensuite pour faire exploser la roche. Avec un marteau au début, puis avec un perforateur aussi lourd que bruyant, d’autres mineurs étaient ensuite chargés de séparer ces « perdus » en blocs, de cinq tonnes maximum. « Ils étaient particulièrement exposés à la poussière, l’ennemi numéro 1 des mineurs, poursuit Rose. Malgré leur moustache, qu’ils pensaient être un filtre naturel, leur espérance de vie ne dépassait pas 45 ans en raison de la schistose. »

Car au-delà du savoir faire, c’est le rude quotidien des mineurs (et des ânes qui les assistaient pour remonter les treuils chargés) que l’on découvre au fil de cet étonnant parcours. « Ce n’est pas du spectacle, abonde Bénédicte Flamand, la directrice de la Mine bleue. On donne à voir l’état d’esprit, l’histoire de ce qui est notre patrimoine, le plus fidèlement possible. » Jusqu’à mentionner la recette de la Postillonne, cette fameuse boisson alcoolisée que consommaient les employés de la mine pour se donner du courage. Si vous voulez tester, elle était composée d’eau-de-vie à 60°, de vin, de sucre et de café…

En haut, les fendeurs

Une heure et demi plus tard, on n’est pas mécontent de respirer de nouveau l’air frais, même s’il fait 15 degrés de plus à l’extérieur. Sous un chapiteau, on découvre cette fois le travail des « gars d’â haut », qui achetaient la matière directement à la sortie et passaient douze heures sur place, le dos courbé, à tailler de très fines lames d’ardoise. Ces fendeurs et leurs apprentis, qui n’avaient pour certains que 12 ans, pouvaient quotidiennement sortir 600 pièces, destinées à garnir les toitures des environs et au-delà.

A l’époque, la région comptait plusieurs mines d’ardoise de ce type. La dernière, à Trélazé, a fermé en 2014. S’il existe encore des carrières en France, en Corrèze notamment, c’est l’Espagne qui en est aujourd’hui le plus gros producteur.

 

Source: 20 minutes

Auteur: Julie Urbach

La photographie: J. Urbach/ 20 Minutes

Slate Definition | Roofing slate maintenance | SLATE natural benefits