Ils rénovent la Duchesse Anne (4/4). Hervé Coadou pose les ardoises sur le toit de la maison. Au total, 12 tonnes assureront l’étanchéité du monument.
La maison de la Duchesse Anne, qui donne sur la place du marché de Landerneau, a été mise « sous parapluie », sous un toit provisoire. De l’échafaudage, quatre étages plus haut, Hervé Coadou a une vue imprenable sur la ville. « Je suis artisan au sens noble du terme », explique-t-il en posant les ardoises du toit de l’édifice.
C’est à se demander si l’homme n’est pas sculpteur : il a fallu retailler une à une toutes les ardoises. Avec des outils traditionnels – marteau, burin – et à la main. « Nous avons également dû vérifier qu’elles ne comportaient pas de failles, microscopiques mais qui à la longue peuvent entraîner une rupture de l’ardoise ». Pour les autres, ce n’est pas près d’arriver : chacune fait près de 5 mm d’épaisseur.
Travail de forgeron
Hervé Couadou travaille aussi le plomb. Le matériau remplace les pièces habituellement fabriquées en zinc. « Le plomb est facile à transformer, supporte bien les contraintes techniques et ne perd que très peu de matière » assure le couvreur.
Et les risques pour la santé ? « Tant qu’il n’est pas en contact avec l’eau potable, le plomb n’est pas plus toxique qu’un autre métal » selon l’artisan. Mais il porte des protections adaptées, et la soudure se fait avec un masque spécial.
Le plomb est utilisé de manière inédite sur le balcon de la Duchesse Anne : il sera posé sous la balustrade. « Ce balcon a une belle histoire : nous l’avons découvert sur le chantier » révèle Hervé Couadou. Il était pris dans un mur. Désormais restauré, il sera la pièce centrale du dernier étage.
Ces éléments mis bout à bout, la toiture pèse très lourd. L’enchevêtrement des ardoises crée son étanchéité. « C’est un millefeuille, car chaque ardoise est couverte sur ses deux tiers. » Quatre-vingts kilos au mètre carré, soit douze tonnes d’ardoises.
Le couvreur est aussi mathématicien. « Il faut évaluer la bonne largeur et la bonne longueur des ardoises retaillées : et donner une forme harmonieuse et rectiligne au toit, avec un matériau naturel », explique Hervé Couadou. Les pièces manquantes ont été récupérées sur d’autres bâtiments dans la région, pour retrouver la même qualité.
Plusieurs ardoises sont en attente d’être posées. Les plus grandes sont d’abord fixées, au niveau de la gouttière, pour remonter vers le centre. La taille des rectangles réduit de manière significative à mesure que les rangées se rapprochent du sommet du toit.
Sans oublier certains endroits où le millefeuille doit épouser les formes des fenêtres en chien-assis. Un casse-tête qui s’achèvera, si tout va bien, en septembre. Le toit sera alors livré, ce sera l’heure de l’aménagement intérieur de la maison.