Le sous-sol ploërmelais a longtemps été exploité pour son ardoise. Pendant un siècle, la carrière de Cô, sur la route de La Gacilly, en a produit des millions. Elle a été fermée en 1983.
L’Histoire
Le château de Josselin, le Parlement de Bretagne de Rennes, beaucoup de monuments historiques, grandes et plus modestes demeures de la région sont couverts par des ardoises de Ploërmel. Pendant un siècle tout rond, de 1883 à 1983, Ploërmel devait aussi sa réputation pour ses ardoises extraites de la carrière de Cô.
L’histoire commence le 23 mai 1883 quand la famille Havart vend de petites carrières à Louis-Marie Stubert pour un commencement d’extraction à ciel ouvert. Au début du XXe siècle, la famille Ubermulhen, déjà propriétaire d’autres mines à Augan et à la Gerbaudais près de Malestroit, rachète l’affaire.
En 1905, M. Ubermulhen confie la direction des ardoisières de Cô à son gendre, Bernard Le Coroller qui est jusqu’alors le pharmacien de Ploërmel. Celui-ci met beaucoup d’énergie pour développer et faire connaître son entreprise. Ainsi, il participe à une Exposition d’Arts et Sciences organisée à la mairie de Ploërmel, du 11 au 18 avril 1909.
L’ardoise apporte l’eau courante
« De nombreux visiteurs arrivent de toute part et en quelques instants, la cour et les salles de l’hôtel de ville sont envahies. La foule assiste à un travail très curieux ; deux ouvriers fendent et taillent l’ardoise. Ils transforment des blocs de schiste en ardoises pour toitures. C’est la première chose que l’on voit en entrant, mais ce n’est certes pas la moins intéressante », relate à l’époque Le Ploërmelais.
Le journal Le Ploërmelais s’en fait l’écho. En 1912, l’hebdomadaire Le Réveil Ploërmelais écrit : « Mardi matin, M. Roth, préfet du Morbihan a visité les ardoisières de Cô. La visite des puits, la taille et surtout le débit des ardoises ont particulièrement retenu l’attention du représentant du gouvernement de la République qui a vivement félicité le jeune et sympathique directeur, aimé et respecté de son courageux et dévoué personnel. » Les ardoisières proposent du travail à la population locale qui, à cette époque, est surtout constituée de petits paysans attachés à leurs terres. Pour faire face au développement de l’activité, la direction embauche plusieurs ouvriers italiens.
L’exploitation commence à se faire en souterrain : on creuse un puits qui descend à plus de cent mètres. Il faut en permanence pomper l’eau qui sort de la nappe phréatique. Et, toute cette eau est dirigée par une conduite vers le vieux château d’eau de la route de Redon qui alimente la ville. Ainsi, grâce aux ardoisières, un service d’eau est organisé à Ploërmel depuis 1893 !
En 1927, le site ploërmelais de Cô est racheté par les Ardoisières d’Angers qui y installent des machines plus modernes pour améliorer la production. Les mineurs reprennent l’extraction des ardoises en 1932. La période d’après-guerre donne aux ardoisières un nouvel élan : il faut rebâtir ce que les bombardements ont détruit. Ainsi, par exemple, la ville de Saint-Malo devient un gros client des carrières de Cô. En 1952, Louis Grellier assure la direction de l’entreprise : il agrandit l’exploitation qui emploie alors une soixantaine d’ouvriers.
Mais au fil du temps, l’exploitation devient de plus en plus difficile avec les infiltrations d’eau rendant la mine de moins en moins rentable. Les Ardoisières d’Angers décident de renoncer et, malgré des manifestations à Ploërmel, le site de Cô est définitivement fermé en 1983. Un livre centenaire de l’histoire industrielle ploërmelaise se referme !
Source : www.ouest-france.fr